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Poverty in Tunisia
30 décembre 2011

La condition sociale des enfants au XIXème siècle

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?

Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?

Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?

Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules ;

Ils vont de l'aube au soir, faire éternellement

Dans la même prison le même mouvement... » (Les Contemplations)

 

C'est avec cette citation de Victor Hugo dans le poème Melancholia, que j'ai voulus commencer cet article...

Victor Hugo est un écrivain mais aussi un homme politique qui s' insurge contre le travail des enfants, il réclame l' instruction pour tous. Il triomphe en 1862 lors de la considération de son action socio-politique sur le sort des enfants en organisant des bals pour récolter des fonds pour les pauvres et lors de la publication de son œuvre Les Misérables. Il a su faire ressortir les différents aspects que pouvait avoir l’enfance au XIXème siècle, à travers Gavroche, Eponine, Azelma et surtout Cosette. Son influence fut grande.

LES ENFANTS EN GÉNÉRAL: CEUX DE RICHES ET CEUX DE PAUVRES

Dans ce siècle, on investit de plus en plus dans les enfants. Peu à peu, à l’époque des Misérables, avec le contrôle progressif des naissances, la famille bourgeoise soigne, choie, aime sa progéniture. Elle se préoccupe non seulement de son avenir professionnel, mais aussi de son bien être. Pour les classes aisées, on ne cesse de concevoir et de réaliser des espaces qui soient mieux adaptés au déroulement de ses journées, à la maison comme à l’école : lieux pour jouer, pour assister à des spectacles, pour se mouvoir.

Les espaces de l’enfance démunie, eux, ont peu changé :pièce unique au mobilier pauvre où vit la famille nombreuse, atelier, classe rudimentaire, rue. Des intervenants extérieurs, médecins, homme d'État, éducateurs…, prennent en charge les enfants misérables. Ceux même qui sont victimes de la révolution industrielle. Car l’exploitation des enfants sur leur lieu de travail est une réalité dramatique. Grâce à l’école et aux lois sociales en faveur des mineurs, elle recule progressivement jusqu’à devenir, à la fin du XIXème siècle, un fait marginal. L’école de la République est un facteur de promotion sociale et place peu à peu sur un pied d’égalité enfants de riches et enfants de pauvres.

LES ENFANTS RICHES ET BOURGEOIS

Chez les aristocrates puis les familles bourgeoises, des espaces sont réservés aux enfants. En Angleterre, c’est dans la nursery que se déroulent leur vie et leurs jeux. Elle est située dans une zone distincte de celle des parents, qui viennent les y voir et avec qui, certains jours de fête, ils passent toute la journée.

En France, dans les grandes demeures de la Noblesse et de la haute bourgeoisie, les enfants ont leur appartement personnel.. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, où l’on tend à attribuer à chaque pièce un usage particulier, on distingue les chambres des garçons et celles des filles. Dans les classes moyennes, même s’ils n’ont pas une pièce qui leur est réservée, les enfants ont un coin à eux, avec leurs jouets.

LES ENFANTS PAUVRES: ABSENCE D'OBJETS SPECIFIQUES ET ESPACE EXIGU

En ville, l’éducation de l’enfant pauvre se fait essentiellement dans la rue ou sur le lieu de travail (puis progressivement à l’école). Car, l’enfant ne dispose pas d’un espace à lui à la maison : la promiscuité avec les frères et sœurs, avec les parents et d’autres adultes de la famille est le quotidien de ses journées et ses nuits. Les lits sont souvent partagés entre frères sœurs ou entre parents (ou d’autres adultes) et enfants. Ainsi le manque d’intimité enseigne à l’enfant pauvre de pratiques affectives et sexuelles que ne connaît pas l’enfant des classes supérieures. « Trotteur »et voiture d’enfant sont des articles de luxe auquel l’enfant pauvre n’a pas accès. Sa motricité (la position assise, la marche, le maniement d’objets à la mesure de ses menottes…) s’exerce comme dans les siècles passés, avec des objets de la vie des adultes ou grossièrement fabriqués à cette intention.

ENFANTS DES RUES :

Le petit mendiant est présent tout au long du siècle. Il ne s’agit pas d’un mendiant occasionnel, mais d’un enfant contraint de demander la charité aux passants été comme hiver. Chassé par la police, il est obligé de changer continuellement de quartier. Le châtiment suprême est de lui imposer d’aller à l’école. L’enfant vagabond, tel Gavroche et ses petits compagnons, erre sans limite, sans calendrier et sans enfance dans Paris. Petit feu follet des rues, il apparaît et disparaît sans laisser de traces. Il y a aussi l’enfant victime d’une véritable traite, comme le Rémi de Sans famille : enfants vendus par les familles trop pauvres pour les nourrir et expédiés dans des régions lointaines. Ils sont souvent contraints à des tâches dégradantes, comme Cosette, ou dangereuses pour être finalement abandonnés sur les grands chemins quand ils sont devenus trop grands. Les « enfants de l’Empire »sont arrachés à leur sol natal pour servir dans les pays colonisés. De 1870 à 1930, environ 100 000 orphelins anglais de deux-trois ans son ainsi légalement déplacés, vers le Canada et l’Australie surtout. A leur arrivée, il sont confiés à des colons et dès qu’ils ont un peu grandi, ils commencent une vie de travail plus ou moins rude. Des enfants finissent en prison pour délinquance: petits voleurs, fillettes prostituées, complices de malfaiteurs adultes, Eponine et Azelma.

LE TRAVAIL DES ENFANTS: UNE RÉALITÉ DRAMATIQUE

En Angleterre, en Allemagne, en France…, les enfants sont embauchés dans les voiries, les manufactures de tabac, les filatures de coton, les fabriques, à partir de six-sept ans, parfois plus tôt. La journée de travail est de quatorze à seize heures pour un salaire quatre fois inférieur à celui d’un adulte. Dans les filatures de coton, les bambins ont la pénible tâche de mettre en mouvement les mules-jennys, en trouvant les manivelles situées sous les métiers. Les malheureuses victimes de la dureté de leurs parents et de l’insensibilité de leur maître crachent le sang dès le premier jour, et à chaque fois leurs barbares parents viennent se plaindre de ce qu’on les a renvoyés sans salaire au milieu de la semaine (…) Maltraités, mal vêtus mal nourris, ils doivent parcourir à pied, dès trois heures du matin, la longue distance qui sépare leur maison de leur atelier et faire le soir le chemin en sens inverse, après une journée de travail harassante. Dans les mines, on les emploie (parfois dès quatre ans) à ramper dans les étroites galeries, attachés comme des animaux au chariot qui pousse un autre enfant. Leur tâche consiste à ouvrir et fermer les portes des galeries, les obligeant à rester seuls sous terre dix à douze heures.

CONCLUSION :

A travers son œuvre Victor Hugo retranscrit bien la vie pénible des enfants à son époque. Cosette, elle, aura vécu toutes les conditions sociales : toute petite, elle aura été une enfant abandonnée, ensuite l’enfant maltraitée par les « Thénardier », puisune adolescente au couvent, une jeune femme aimée, protégée et enfin une baronne. La destinée de Cosette est romanesque et incroyable. Dans la réalité, la misère commençait à tout âge et durait souvent toute la vie. On peut penser que c'est le cas pour les autres enfants du roman qui, à part Gavroche qui a une mort héroïque, disparaissent dans l'oubli. Malgré cela, Cosette reste la figure emblématique de l'enfance malheureuse et injustement maltraitée par des adultes sans scrupules. Que serait-elle devenue sans Jean Valjean ?

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Source: http://texcier-cdi.spip.ac-rouen.fr/IMG/html/pagesweb/s%20-%20condition%20des%20enf.au%2019%E8s..htm



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